L'APEV a 30 ans

Date : Monday 21 June 2021 @ 17:03:45 :: Sujet : La vie de l'Association

Trente ans au service des victimes


L’association d’Aide aux Parents d’Enfants Victimes, l’APEV a trente ans.

En juin 1991, en souvenir de Sabine, de Yannis, de Cécile et de Delphine, quatre familles ont décidé de s’unir en créant une structure d’accueil pour les familles dont un enfant a disparu ou a été assassiné. L’APEV était née.



Rapidement, de nombreuses familles nous ont rejoints. Certaines se sont engagées à nos côtés en créant des antennes régionales afin d’offrir une aide de proximité.

Les premières années de l’association ont été celles de l’organisation et du rassemblement autour d’une idée-force : soutenir et accompagner les familles, aussi bien du point de vue personnel que judiciaire et administratif, afin de leur apporter les informations nécessaires à la bonne compréhension des procédures, et par une présence attentive et amicale lors des procès d’assises.

Vite reconnue en tant qu’interlocutrice par le monde politique, l’APEV a été auditionnée à nombreuses reprises par la commission des lois de l’Assemblée Nationale et du Sénat, et elle a participé à plusieurs groupes de travail au ministère de la justice, afin de faire entendre la voix des victimes. Elle a ainsi pu obtenir des pouvoirs publics les aménagements législatifs nécessaires pour que les droits des victimes soient enfin reconnus, notamment en ce qui concerne le droit à l’’information durant tout le processus judiciaire et la place de la victime lors des procès d’assises.

Les demandes des victimes, relayées par l’association ont pu être prises en compte par le législateur, comme l’évolution de la déclaration d’irresponsabilité pénale (article 122.1 du code pénal), l’allongement de la prescription, la création du fichier d’empreintes génétiques, le FNAEG, ou le suivi socio-judiciaire post-carcéral des délinquants sexuels.

Les années suivantes ont été marquées par le développement d’un aspect plus opérationnel avec la conception d’affiches de recherche d’enfants disparus, diffusées dans les commissariats de police, les gendarmeries, les gares, les bureaux de postes, les aéroports, ainsi que dans toutes les ambassades françaises à l’étranger.

Parallèlement, une trentaine d’anciens policiers et gendarmes à la retraite, tous issus d’unités d’enquêtes judiciaires se sont portés volontaires pour mettre bénévolement au service des familles leur savoir-faire, ajoutant leur compétence technique à l’accompagnement que l’APEV apportait déjà aux familles.

Leur concours était double, aider à la recherche de personnes disparues, et étudier d’un œil neuf les dossiers d’enquêtes anciennes non résolues, les « cold cases », pour tenter de trouver des éléments nouveaux. L’objectif était d’une part d’éviter la prescription, d’autres part de donner un nouveau départ aux investigations par la réouverture des enquêtes. 

Huit cents dossiers ont été traités par ces Anciens qui se nomment familièrement entre eux les « Vétérans », avec de nombreux succès, des dossiers clos ont été rouverts, des criminels ont été arrêtés et jugés à la satisfaction des familles, des enfants en fugue ont été retrouvés.

Pour aider à la recherche des enfants disparus, l’APEV a milité pour la mise en place de structures nationales innovantes qui avaient fait leurs preuves dans d’autres pays, comme la création d’un office central pour les personnes disparues, ou la mise en place du Plan « Alerte Enlèvement » sur le modèle américain et canadien, plan dont le succès ne s’est jamais démenti. 

Poursuivant la première mission qu’elle s’était fixée, l’accompagnement judicaire et personnel des familles, l’APEV s’est engagée ces dernières années au niveau européen dans le cadre de la fédération Missing Children Europe regroupant 31 associations de 26 pays européens, qui a permis, entre autres, la mise en place d’un numéro de téléphone européen unique, le 116000, à la disposition des familles et la création en France d’une structure nationale, « SOS Enfants Disparus », reprise actuellement par « Droits d’Enfance ». 

Toujours attentif aux évolutions législatives, des liens étroits ont été noués dans les ministères, tout particulièrement avec l’OCRVP (l’Office Central pour la Répression de Violences aux Personnes) du Ministère de l’Intérieur, et la DIAV (La Délégation Interministérielle pour l’Aide aux Victimes) au Ministère de la Justice. 

De quoi seront faites les prochaines années ? La parole des victimes sera-t-elle mieux écoutée ? Les droits des victimes seront-ils mieux reconnus par les institutions ? Irons-nous vers la participation d’anciens policiers et gendarmes dans le cadre de l’étude des dossiers d’affaires anciennes non-résolues, comme cela a été demandé dans le dernier rapport remis au Ministère de la Justice ?

Même si, depuis 30 ans, les pouvoirs publics ont pris le relais en officialisant certaines actions initiées par le monde associatif auprès des victimes, l'APEV restera toujours présente auprès des familles, et gardera son caractère spécifique dans un domaine où l’humain doit demeurer prépondérant. Des victimes au service de victimes.

Pour célébrer les 30 années d’existence de notre association, nous aurions aimé réunir adhérents et sympathisants. Nous regrettons que la crise sanitaire que nous vivons depuis plus d’un an, ne nous ait pas permis de le faire. 

Remercions ici les bénévoles qui nous ont aidés à faire vivre l’association, les familles qui se sont engagées au service des autres, et les « vétérans », policiers et gendarmes, qui nous apportent tous les jours leurs compétences techniques dans l’aide à apporter aux familles.

 

Alain Boulay

Président de l’APEV.








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